Ô rage, Ô désespoir!
- Par Françoise PARINAUD
- Le 21/11/2021
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Rage de voir se répéter le même scénario, désespoir de ne jamais être entendue. Je vous raconte.
Vivant seule dans une grande maison et n'étant pas de première jeunesse, je me suis équipée d'une télé-assistance. Quand je suis chez moi, je porte une sorte de montre au poignet qui est en fait un boîtier relié à un service d'assistance à distance. Service payant, bien sûr. En cas de problème, il suffit d'appuyer sur le boîtier pour que se déclenche un processus d'urgence. La standardiste qui reçoit l'appel vous contacte par une sorte d'interphone installé à votre domicile (il se trouve sur mon piano) pour savoir si ce n'est pas une erreur et, si ce n'en est pas une, alerte l'une des personnes de votre entourage qui a la clef de chez vous afin qu'elle aille se rendre compte de ce qu'il se passe et oriente la mise en route des secours.
Sur le papier, cette organisation paraît très efficace et rassurante. Sauf que, une fois de plus, rien n'est prévu pour les personnes privées de voix et, tel est mon cas.
Lorsque la représentante de ce service de télé-assistance est venue dernièrement l'installer dans ma maison, elle a bien compris que je ne pourrais pas répondre vocalement à l'interphone. Nous convenons donc d'un code: j'ai besoin d'aide, je frappe une fois dans mes mains, c'est une erreur de manipulation du boîtier, je frappe 2 fois. Ce code figurera en tête de la fiche que les standardistes auront sous les yeux si j'appelle. Toutes les données me concernant sont transmises au central téléphonique basé en Alsace. Avant de me quitter la représentante de la société de télé-assistance s'assure que les consignes ont bien été enregistrées et procède à quelques essais. Tout semble marcher comme sur des roulettes.
Petite précision qui a son importance: le boîtier-montre qui m'a été affecté est sensé détecter les chutes et donner l'alerte sans que j'aie à appuyer. Seulement, voilà, il est d'une telle sensibilité qu'il se déclenche au moindre mouvement un peu brusque.
Lundi dernier, en fermant mes volets, l'alerte se déclenche. Je vais aussitôt me placer devant l'interphone pour signaler l'erreur en frappant 2 fois dans mes mains. Au bout de 3 à 4 minutes, la standardiste se manifeste. Je frappe 2 fois. Elle ne comprend pas le message et continue de m'appeler:"Mme Parinaud, est-ce que tout va bien? Répondez!" elle insiste et s'énerve, moi aussi. J'essaie de chuchoter dans l'interphone dans l'espoir qu'elle me comprendra. " qu'est ce que c'est ces bruits? Répondez!". Elle jette enfin un oeil sur ma fiche et comprend le message: c'est une erreur. Ouf!
3 jours plus tard, re-belote! L'alerte se déclenche dans la soirée alors que j'enfile un pull. Je me positione à nouveau devant l'interphone. 3 ou 4 minutes plus tard c'est mon téléphone portable qui sonne. Je finis par prendre l'appel: c'est bien la télé-assistance. Recommence le manège:"Mme Parinaud, répondez!" etc...J'ai beau frapper dans mes mains, elle ne comprend pas, raccroche et me rappelle par 3 fois toujours sur mon portable. Je comprends alors qu'elle va mettre en route la procédure d'urgence. Je n'ai pas le temps d'envoyer un texto à mes voisins que Jean-Louis sonne à ma porte. Je le rassure. Il appelle la télé-assistance pour expliquer la situation et transmettre mon mécontentement (le mot est faible): pourquoi les standardistes ne consultent-elles pas la fiche de la personne qui les sollicite avant de lui répondre, ce qu'elles sont censé faire? Le commentaire est révélateur: on n'a pas l'habitude de prendre l'appel de personnes qui ne peuvent pas parler.
Nous, les "sans voix", sommes totalement invisibles et de ce fait, totalement ignorés. J'ai voulu savoir par internet combien nous étions dans ce cas en France. Je suis d'abord tombée sur des sites comme celui d'Amnesty International faisant référence à ceux qui ne peuvent pas voter. En affinant ma recherche et en tapant:" combien de personnes atteintes de handicap vocal en France?", j'ai trouvé toutes sortes d'informations sur toutes les formes de handicaps mais pas une ligne sur les handicaps vocaux. Pas étonnant que rien ne soit prévu pour nous!
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