Sida...ctualité

Le Sida, pour moi, c'est le souvenir d'une période professionnelle intense. Dans les années 80, ma génération de journalistes spécialisés en médecine a vu émerger cette nouvelle maladie qui décimait les homosexuels, les hémophiles et les transfusés. Au terme d'une course internationale contre la montre, les chercheurs de l'Institut Pasteur identifiaient le responsable de l'hécatombe: le virus VIH, virus de l'immuno déficience humaine.

Dans ces années noires, interviewer les personnes atteintes du Sida, c'était interviewer des condamnés à mort. J'avais la gorge nouée en leur tendant mon micro. Au drame de cette maladie s'ajoutait la peur d'être contaminés, et parfois le rejet, qu'elle inspirait aux bien-portants. Même si les modes de transmission du virs avaient été clairement identifiés ( sang, sperme, sécrétions vaginales) beaucoup pensaient que l'on pouvait être infecté par un simple contact manuel ou par la salive. La 1ère fois que j'ai organisé à RTL une grande émission sur le Sida, émission qui devait réunir chercheurs, médecins et malades, j'ai été convoquée par le PDG de la radio. Visiblement ennuyé, il m'explique que le comité hygiène et sécurité et des représentants du personnel technique s'opposent à la tenue de cette émission en raison du risque que leur feraient courir les porteurs du VIH. Le président me dit:" Françoise, je n'ai qu'une question à vous poser: y a-t-il un danger pour le personnel, journalistes et techniciens à se trouver à proximité de personnes contaminées?" Ma réponse est immédiate:" Je suis mère de 2 enfants. Je côtoie fréquemment pour des raisons professionnelles des malades du Sida , y compris en phase terminale. Croyez-vous que je le ferais si je pensais courir un risque et à fortiori le faire courir à mes filles?" La polémique s'est arrêtée là et l'émission s'est déroulée sans anicroche. J'ai tout de même surpris un technicien en train de passer les micros du studio à l'eau de javel après le départ des participants.

35 ans plus tard, grâce aux progrès de la recherche médicale, on réussit à bloquer l'activité du virus VIH  et, à défaut de le guérir, à transformer le Sida en maladie chronique. Pour que cette recherche se poursuive et partant du principe que toute avancée dans une maladie profite aux autres, vous pouvez faire un don par téléphone au 110 ou par mail sur sidaction.org