Histoires de sens

Une session des Journées Francophones de Nutrition était consacrée à la relation entre olfaction et alimentation. Voici ce que j'en ai retenu!

L'odorat et le goût sont 2 de nos 5 sens en relation étroite l'un avec l'autre. Au cours de l'épidémie de Covid un nombre non négligeable de patients ont souffert d'anosmie, terme savant qui désigne la perte de l'odorat.

"L'odorat n'est pas un sens mineur" a expliqué un chercheur en neurosciences du CNRS de Lyon, Mustafa Bensafi. "C'est un sens chimique qui engendre des processus cérébraux très complexes: mémoire, émotion, plaisir. C'est aussi un sens très plastique qui peut changer à tout moment et s'adapter à l'environnement." Exemple: dans une journée le steak frites n'a pas la même odeur à 11h30 qu'à 14h30. Le sens olfactif est en augmentation chez les femmes au cours de l'ovulation et du 1er trimestre de la grossesse. En revanche, les capacités olfactives décroissent avec l'âge, à partir de 60 ans, et il a été montré que 70% des personnes âgées présentaient des troubles de l'olfaction. Ce qui n'est pas sans conséquence sur la qualité de vie. Celle-ci peut même être mise en danger quand on ne peut plus détecter des odeurs de gaz, de souffre ou d'aliments détériorés.

La perte de l'odorat engendre aussi des mécanismes de compensation dans le comportement alimentaire. On a tendance à manger plus sucré et plus salé.

Si nos capacités olfactives s'affaiblissent avec l'âge, notre mémoire des odeurs, elle, est la plus active et la plus longue de toute la vie. Une odeur enregistrée dans le cerveau y reste. J'en ai fait souvent l'expérience en retrouvant par hasard une odeur spécifique de ma petite enfance, enfouie dans ma mémoire depuis des décennies. Cette notion va à l'encontre de ce que prônent certains thérapeutes qui veulent à tout prix entretenir la mémoire des odeurs alimentaires chez des patients gastrostomisés souffrant de troubles neurologiques ou de maladies dégénératives. Pour les spécialistes, stimuler l'odorat par des odeurs de nourriture entraîne inévitablement l'envie de manger, envie qui ne peut être assouvie chez les personnes en nutrition exclusivement entérale. L'un de ces chercheurs n'a pas hésité à qualifier de tels comportements de "torture inutile".

A propos d'odeurs et de saveurs, Noël approche. Je vous souhaite d'en vivre des moments heureux. Et si le coeur vous en dit, n'hésitez pas à vous faire plaisir en mettant en bouche et en la laissant fondre une truffe en chocolat. Votre cerveau recevra un message positif qui vous fera du bien.

Bonne fête de Noël à tous!

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