Anorexie et Gastrostomie

Voilà une association qui va faire bondir les psys de tous bords! Et pourtant une quinzaine de patientes anorexiques, soignées au CHU de Rouen, sont porteuses d'une sonde gastrique dans le cadre du traitement de leur trouble alimentaire. L'anorexie serait un déficit de contrôle et non, comme il est communément admis, un sur-contrôle. Sous l'effet d'un amaigrissement important, des changements s'opérent dans le cerveau. La matière grise diminue entraînant une modification de l'image corporelle.

"Plus on maigrit, plus le cerveau déraille" explique le Professeur Pierre Déchelotte, chef du département de Nutrition du CHU de Rouen. 

A la lumière des dernières recherches scientifiques internationales sur les mécanismes des troubles du comportement alimentaire (TCA), il semblerait que s'inverse le postulat " moins on mange, plus on maigrit" pour laisser place à une nouvelle et sérieuse hypothèse "plus on maigrit, moins on mange". L'amaigrissement, quelle qu'en soit la cause physiologique, pourrait dérégler le fonctionnement du cerveau et déclencher l'anorexie. Alimenter la personne atteinte de ce trouble devrait, en toute logique, stopper le processus. " Re-nourrir pour décoincer la tête!", dixit le Pfr Déchelotte. D'où le recours à la gastrostomie au long cours. Néanmoins, insiste ce spécialiste, la pose d'une sonde gastrique doit répondre à des critères précis: anorexie sévère et ancienne chez des patientes adultes après échec des hospitalisations et à condition qu'elles ne soient pas dans le déni de leur pathologie et qu'elles consentent à cette thérapeutique. Bien entendu, précise t-il, ces personnes doivent être accompagnées par un médecin référent motivé, un(e) diététicien(ne) et bénéficier d'une aide psychologique. En outre la reprise de poids doit être très lente.

Lorsque toutes ces conditions sont réunies, la réussite peut être au rendez-vous. Le Pfr Déchelotte cite le cas de cette patiente de 44 ans, gastrosomisée depuis 4 ans au terme de 25 ans d'une anorexie sévère ayant entraîné plusieurs hospitalisations, qui a recouvré une corpulence normale et s'en trouve bien. Un résultat encourageant quand on sait qu'en France 230000 femmes sont atteintes de ce trouble.

Commentaires (1)

Salomé
  • 1. Salomé | 10/03/2019
super intéressant ! merci :) et ça ne fait pas bondir la psy que je suis... de plus en plus d'études parles du système digestif comme d'un "deuxième cerveau" et j'espère que ces avancées permettront de mieux soutenir les patients anorexiques

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