Effet secondaire

Comme la plupart d'entre nous, je prends quotidiennement et depuis des années un médicament pour diminuer les sécrétions gastriques et éviter les douleurs qu'elles occasionnent. Je m'en portais bien jusqu'au jour où...

Elles ont commencé à être de plus en plus fréquentes, jusqu'à 4 ou 5 par jour, et surtout fulgurantes. Un véritable orage intestinal ne me laissant souvent pas le temps d'arriver aux toilettes. Pour contrer ces diarrhées invalidantes, j'ai essayé tout ce que la pharmacopée compte comme anti- diarrhéiques. Sans succès. Consultée, ma généraliste me prescrit d'autres médicaments, vendus sur ordonnance, afin de stopper ces vidanges intempestives. En vain. Les semaines passent, je commence à perdre du poids. Retour chez la généraliste qui envisage le pire, une tumeur intestinale, prescrit une batterie d'examens dont un scanner abdominal et me conseille de prendre rendez-vous avec un gastro-entérologue. 1 mois 1/2 de délai  pour le scanner et pour le rendez-vous avec le spécialiste! En attendant, je fais les examens de sang et de selles qui ne révèlent rien de particulier. Je n'ose plus sortir de chez moi par peur d'un'"accident" et quand je suis bien obligée de mettre le nez dehors, je m'équipe de garnitures spéciales. En outre, je suis très fatiguée et m'inquiète de mon amaigrissement qu'une augmentation de ma ration quotidienne de nourriture n'arrive pas à compenser. Sur les conseils de Reynald, je fais une cure d'ultra-levure, histoire de restaurer un microbiote qui doit être en piteux état. Puis, me fiant à mon intuition, je décide de mener une enquête.

Je consulte les notices des médicaments que je prends chaque jour dont l'Inexium 40mg qui appartient à la famille des Inhibiteurs de la Pompe à Protons (IPP) utilisés contre l'acidité gastrique. Les diarrhées figurent à la rubrique des effets indésirables sur presque toutes les notices des médicaments que j'ingurgite. Comme je ne peux pas interrompre sans risque pour ma santé la prise de certains d'entre eux, je commence par l'Inexium 40. Bingo! En 48h les diarrhées s'arrêtent. Je tiens le coupable mais tout aussi vite surviennent les brûlures au niveau de la stomie. Des brûlures qui me plient en 2 et me font sortir du lit la nuit. Je tiens bon 2 semaines avant de reprendre l'Inexium. Les douleurs disparaissent mais les diarrhées reviennent. J'ai le choix entre avoir mal ou me vider. Drôle d'alternative! Ma posologie habituelle d'Inexium 40 étant d'1 comprimé/jour, je fais une tentative: je prends 1/2 comprimé/jour. Et ça marche! Les diarrhées ralentissent et surtout perdent leur caractère fulgurant. Les douleurs, elles, se raréfient.

Je décide donc d'annuler le scanner abdominal mais me rends, cette semaine, au rendez-vous avec le gastro-entérologue. Celui-ci confirme mon diagnostic au sujet des IPP en général et de l'Inexium en particulier. Il me conseille de poursuivre la prise d'un demi- comprimé/jour et, si d'aventure, les diarrhées reprenaient, préconise une coloscopie à la recherche d'une colite. En effet, plusieurs études ont montré que la prise au long cours d'IPP était un facteur de risque de colite, une inflammation du côlon qui provoque fièvre, douleurs et diarrhées sanglantes.

Si je me permet de partager cette expérience avec vous, c'est pour rappeler qu'il faut être très attentif à ce qu'il se passe dans notre corps. Il nous envoie des messages qu'il faut savoir écouter à défaut de savoir les interpréter, c'est le rôle des médecins. Nous sommes acteurs de notre santé et en tant que tels, nous avons un rôle à jouer dans les décisions médicales qui nous concernent.

Et, je ne le répèterai jamais assez, osez poser les questions qui vous tracassent à ceux qui vous soignent! J'ai toujours dit à mes interlocuteurs médecins:" Il n'est pas question que vous en sachiez plus sur moi que moi!". Il n'y a pas de mauvaises questions, il n'y a que de mauvaises réponses, voire, pas de réponses du tout.

Commentaires (1)

Reynald
  • 1. Reynald | 06/05/2022
Merci Françoise pour ce retour d'expérience.
On ne se méfie pas assez des effets secondaires sur les prises de médicaments au long court. On a tendance à considérer que si tous va bien pendant 20 ans, pas de raisons que ça change... Preuve que non.
Reynald

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