Lutte pour la vie

Vous pensez peut-être que je fais de l'anthropomorphisme en parlant de la dignité d'un animal. Séraphine ne se plaint jamais, se laisse manipuler quand on change ses pansements et que l'on soigne ses plaies où la chair est à vif sur près de la moitié de son corps. Séraphine passe ses journées et ses nuits dans une cage, sans un gémissement, mais son regard trahit sa détresse. Quel humain aurait ce niveau d'acceptation de son sort? Pas moi, en tout cas.

Comme son taux de globules rouges révélait une importante anémie, il a été décidé de lui faire une transfusion sanguine. Mercredi après-midi, la clinique appelle ma fille qui sert de courroie de transmission entre l'équipe vétérinaire et moi qui n'ai plus de voix et ne peux répondre au téléphone. Il faut transfuser Séraphine au plus vite mais c'est à moi de trouver un chien donneur car il n'y a pas de banque du sang pour les animaux. Je dois me présenter le lendemain matin à 9h à la clinqiue avec un chien pesant au moins 20 kgs et âgé de ùoins de 8 ans. Le groupe sanguin du donneur sera établi sur place. J'apprends que chez les chiens il n'y a que 2 groupes: positif et négatif. Séraphine appartient au groupe négatif. Toutefois, contrairement aux humains, il est possible de transfuser des groupes différents sans qu'il y ait de rejet mais cela compliquerait les choses en cas de nouvelle transfusion.

Pour résumer: je n'ai que quelques heures pour trouver le chien correspondant aux critères de poids et d'âge, en croisant les doigts pour qu'il soit compatible avec le sang de Séraphine. Gros stress!

Je contacte immédiatement mon amie Patricia. Las! aucun de ses 3 chiens ne dépasse 14kgs. Je commence à désespérer quand ma fille me rappelle que mes voisins immédiats ont un grand chien berger. Seiko et Séraphine se connaissent et  "conversaient" souvent de chaque côté du grillage qui sépare nos jardins. Nicolas, le propriétaire de Seiko, accepte immédiatement que son chien donne son sang à Séraphine.

Départ tôt le matin pour Toulouse. A la clinique, Seiko a droit à une prise de sang pour connaître son groupe: il est positif! Déception de courte durée, l'une des assistantes vétérinaires est venue ce matin-là avec son chien, un magnifique Doberman noir et le Doberman est négatif. Ouf! Coule désormais dans les veines de Séraphine, petite Bichonne Havanaise, le sang d'un impressionnant molosse.

La transfusion s'est très bien passée et ses effets ont été immédiats. Le taux de globules rouges de Séraphine est remonté et surtout, 48h plus tard, la cicatrisation de ses plaies s'est amorcée et se poursuit à ce jour. La guerre n'est pas finie mais une bataille importante est gagnée.

P.S Le magazine "L'Obs" de cette semaine consacre sa couverture et une série d'articles à "L'animal thérapie. Ces amis qui nous font du bien". J'ai retenu les propos d'une professeure de philosophie, Audrey Jougla, sur le chien:" Le chien, c'est la joie comme force d'exister...Sa joie est sincère et toujours renouvelée...Elle n'est pas amoindrie par l'habitude ou la durée."

C'est si vrai!