Le Cèdre dans la Tempête
- Par Françoise PARINAUD
- Le 08/08/2020
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- Dans Choses Vues ou Entendues
Comme vous tous, j'ai été frappée par les images de Beyrouth dévastée par l'explosion d'un stock de 2750 tonnes de nitrate d'ammonium entreposé dans le port. Cette vision a fait remonter en moi des souvenirs.
Celui de l'explosion de l'usine AZF à Toulouse provoquée, elle aussi, par le nitrate d'ammonium mais en quantité 100 fois moindre qu'à Beyrouth. Bilan dans la ville rose: 31 morts et 2500 blessés. J'habitais alors à 35 kms de là. La détonation de l'explosion avait ébranlé les murs de ma maison me faisant croire qu'un avion à réaction avait passé le mur du son juste au-dessus de ma tête.
Longtemps Toulouse gardera la blessure de cet acident industriel mais aujourd'hui à la place du trou béant d'AZF s'élève l'Oncopole, le centre universitaire anti-cancéreux. La vie a repris le dessus.
Ce sera plus difficile pour la capitale libanaise. Gangréné par la corruption de sa classe dirigeante, le Liban est exsangue. Plus de la moitié de sa population vit au-dessous du seuil de pauvreté. Cette gigantesque explosion dans le port de Beyrouth pourrait être le coup de grâce. Espérons qu'au contraire elle provoque un grand élan de solidarité internationale pour que l'on vienne en aide au peuple libanais partagé entre douleur et fureur.
De la douleur, j'en avais vu lors d'un reportage au Liban, dans les années 90 où j'avais visité les camps tristements célèbres de Sabra et Chatila. Dans un agglomérat de masures de planches et de tôles reliées par un entrelacs de fils électriques vivaient des milliers de réfugiés palestiniens chassés de leur terre par la guerre.
Mais le Liban de mon souvenir, ce sont aussi les altières forêts de cèdres dont le symbole orne le drapeau national. Le cèdre est un arbre robuste capable d'affronter les vents les plus violents. Il perd des branches mais ne se déracine pas. Il résistera une fois encore et les Libanais avec lui.
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