Entretien avec mon infirmière

Visite annuelle, entre 2 réveillons, où nous avons surtout parlé de l'association, mon cas personnel ne méritant pas plus qu'un rapide inventaire.Tout va très bien, Madame la Marquise, tout va très bien!

Clarisse, l'infirmière, me fait part de sa préoccupation pour l'un de ses patients gastrostomisés, âgé d'une cinquantaine d'années, qui vit très mal la perte de l'alimentation orale. Cet homme, pourtant en forme, ne sort plus de chez lui et ne voit plus personne, pas même ses amis. Il a cessé toute activité et se morfond à son domicile. Bien entendu, aucun soutien psychologique ne lui a été proposé.A l'idée que, par découragement, quelqu'un érige lui-même les barreaux derrière lesquels il va s'enfermer m'attriste infiniment. Je suggère à Clarisse de transmettre à son patient les coordonnées de notre site internet.Il s'y sentira tout de suite moins seul dans sa situation. J'espère que nous lui apporterons la chaleur humaine dont il se prive en s'isolant et qui est vitale pour avancer.

Par ailleurs, Clarisse m'apprend que nombre de ses patients laryngectomisés font appel chaque jour à un(e) infirmièr(e) pour enlever et nettoyer leur canule de trachéotomie. Je n'en reviens pas! Ce geste est si simple et absolument indolore! C'est comme enlever un dentier pour le laver. Quel intérêt à rester dans la dépendance, à se médicaliser pour un acte quotidien aussi banal?

Laryngectomisés, gastrostomisés, handicapés, nous ne sommes pas pour autant dépossédés de tous nos moyens, de notre libre-arbitre. Une part importante de notre vie est ce que nous décidons d'en faire. Regardez un Philippe Croizon, amputé des 4 membres, qui traverse les océans à la nage! Bon, d'accord, tous les défis ne peuvent pas être à ce niveau! A chacun le sien! Ce sera la bonne résolution de ce début d'année et de décennie.

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