Colère

Vivant seule avec ma petite chienne, n'ayant plus de voix et n'étant pas de 1ère jeunesse ( ni même de deuxième), je suis équipée d'un dispositif d'alerte qui déclenche une intervention quand on l'actionne. Il se présente  sous forme d'un bracelet autour d'un cabochon rouge qui n'est autre qu'un émetteur relié à un émetteur-récepteur, ce dernier étant lui-même en lien avec le standard téléphonique d'une société spécialisée. Si je me casse la figure dans les escaliers et que je ne peux plus bouger, j'appuie sur l'émetteur du bracelet et l'alerte va se propager jusqu'au standard. Voyant mon numéro clignoter, l'une des standardistes va alors m'appeler sur l'émetteur-récepteur pour savoir si j'ai besoin d'aide ou si c'est une mauvaise manipulation du bracelet. S'il s'avère que je suis en difficulté, la société contacte une personne de mon voisinage qui a accepté au préalable d'intervenir et à qui j'ai donné une clef de mon domicile.

Jusqu'à présent, puisque je ne pouvais pas répondre oralement, il était convenu qu'en cas de problème je frappe 1 fois dans mes mains, 2 fois en cas de déclenchement inopiné. Cette caractéristique figurait sur la fiche que les standardistes doivent avoir sous les yeux en cas d'appel. J'ai pu constater que ces dernières ne lisaient jamais leur fiche et s'escrimaient à obtenir une réponse verbale en hurlant dans le micro:" Répondez Madame Parinaud!" jusqu'à ce qu'elles finissent par jeter un oeil sur ma fiche. Ce scénario était loin d'être parfait mais, faute de mieux, on s'en contentait et on évitait de déranger mes voisins pour rien.

J'ai reçu hier une technicienne de la société qui commercialise ce système d'alerte sensé, moyennant finances, venir en aide aux personnes âgées et/ou handicapées. Cette dame m'annonce tout de go qu'il n'est plus question d'appliquer le code de réponse en frappant dans les mains. Son patron lui a expliqué que le cas des handicapés de la voix n'était pas prévu, qu'il compliquait la tâche des standardistes, que j'étais la seule dans cette situation dans son secteur et que désormais on n'en tiendrait plus compte. "Pas de dérogation!" aurait-il dit. Ce qui signifie que si, par inadvertance, j'appuie sur le bouton émetteur du bracelet, on appelera systématiquement les voisins bénévoles. Or, par expérience, j'ai constaté qu'il est facile de déclencher l'alarme par mégarde, ne serait-ce qu'en dormant. L'idée de déranger sans raison les personnes qui ont gentiment accepté de m'aider me choque et me pose problème.

Mais ce qui me met par-dessus tout en colère, c'est le mépris affiché pour cette forme de handicap qu'est la privation de la voix. J'ai l'habitude de me heurter à l'ignorance mais là, ça va au-delà.

Présence Verte, le nom de ladite société, me fait voir rouge.